Superficie historique d’une zone morte dans le golfe du Mexique

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Plus de 22 000 km2 sans vie marine, c’est la superficie historique que pourrait atteindre la zone morte située dans le golfe du Mexique d’après les scientifiques. Elle représente plus de 50 fois la taille de Montréal et pourrait donc être la deuxième plus grande zone jamais enregistrée. Le record date de 2017 avec 22 700 km2 alors que la normale est près de 15 500 km2.

Qu’est-ce qu’une zone morte ?

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Source: NOAA

Une zone morte est une zone aquatique où l’oxygène devient quasi inexistant, il en existe plus de 400 dans le monde. La baie de Chesapeake, la mer Baltique et le golfe du Mexique sont les endroits où l’on retrouve les plus grandes zones mortes au monde. Celle du golfe du Mexique apparaît durant l’été. Ce manque d’oxygène dans ces eaux les plus productives stresse les organismes et peut causer leur mort, menaçant ainsi les ressources comme les poissons, les crabes ou encore les crevettes pêchées dans la région.

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La cause d’une zone hypoxique

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Source: NASA

La cause de cette zone hypoxique (sans oxygène) provient en grande partie de l’activité humaine et du changement climatique. Des eaux plus chaudes retiennent moins d’oxygène, mais la cause principale est l’apport de nutriments apportés dans le golfe du Mexique lors du ruissellement par l’un des plus grands fleuves du monde : le Mississippi. Ces nutriments (azote et phosphore) proviennent de l’agriculture et des eaux usées. Cet apport va stimuler une croissance phénoménale d’algues qui utilisent la majorité de l’oxygène lorsqu’elles vont se décomposer. La concentration d’oxygène sera alors inférieure à 0,2 milligramme par litre et cette situation sera mortelle pour certains animaux marins qui suffoquent et ne peuvent pas se déplacer vers des zones plus riches en oxygène.

Situation en 2019

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Cette année, cet apport est anormalement grand à cause de la pluie record reçue aux États-Unis. Depuis le mois de janvier, des inondations localement records sévissent. En effet, nos voisins viennent d’enregistrer leurs douze mois consécutifs les plus pluvieux de juin 2018 à mai 2019 et le sixième printemps le plus pluvieux. Le mois de mai a été le deuxième plus pluvieux de l’histoire sur une période de 125 ans.Ainsi, des milliers d’hectares de fermes ont été inondés ce qui signifie que beaucoup plus d’eau de ces champs s’est jetée dans le fleuve puis dans le golfe.

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Le Mississippi a connu son cycle d’inondation le plus long depuis 1927. En mai dernier, les rejets dans les fleuves Mississippi et Atchafalaya étaient d’environ de 67 % plus élevés que la normale de 1980-2018 d’après la NOAA. L’USGC (organisme gouvernemental américain qui se consacre aux sciences de la Terre) estime que ce débit fluvial a entrainé 156 000 tonnes de nitrates et 25 300 tonnes de phosphore dans le golfe, soit respectivement 18 % et 49 % de plus que la moyenne.

Ironiquement, une saison active des ouragans pourrait diminuer la superficie prévue par les scientifiques de la NOAA. Ces derniers pourraient remuer les eaux du golfe, disperser une partie des algues et reconstituer partiellement les niveaux d’oxygène.

Depuis 1950, la quantité de masse d’eau sans oxygène a été multipliée par dix près des zones côtières dans le monde et les scientifiques s’attendent à ce que l’oxygène continue de baisser même en dehors de ces zones puisque la Terre se réchauffe. Pour freiner ce déclin, le monde doit maîtriser à la fois les changements climatiques et la pollution par les nutriments.

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