Un phénomène extrême se produirait pour la 1ère fois depuis longtemps

Anne-Sophie ColombaniVidéaste Météorologue

La superficie de la glace en Arctique pourrait atteindre des niveaux records de fonte en 2020. L'importante anomalie chaude actuellement présente en Sibérie n'y est pas étrangère.


Depuis plusieurs décennies, la glace arctique est en déclin. Alors que nous sommes en pleine période de fonte, le déficit de glace est dans le rouge une fois de plus.

En effet, la superficie de la glace n’a jamais été aussi petite à ce temps-ci de l’année. Alors que le pic de fonte se situe en moyenne en septembre, 2020 pourrait battre de tristes records. L’étendue de glace la plus basse jamais enregistrée a été observée en 2012, avec un niveau record de 3,39 millions km2. On s’en rapproche dangereusement.

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En effet, d’après le National Snow and Ice Data Center (NSIDC), le 15 juillet dernier, la superficie de la banquise se retrouvait au plus bas pour cette date. Elle était de 7,51 millions de km2, soit 330 000 km2 en dessous du record du 15 juillet, établi en 2011.

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La Sibérie : anomalie de chaleur record

Si la glace arctique brille par son absence du côté de la Sibérie, ce n'est pas la première fois. Cependant, c'est du jamais-vu en 2020.

Cet important déficit est provoqué par une anomalie chaude qui perdure depuis la fin de l’année 2019 dans l'est de la Sibérie. Au mois de juin, des régions situées au nord du cercle polaire ont expérimenté une canicule de plus de dix jours. La ville de Verkhoïansk a même battu un record absolu de 38 °C. Montréal, qui se retrouve beaucoup plus au sud, n’a jamais enregistré une température aussi chaude.

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Au moment d’écrire ces lignes, une nouvelle vague de chaleur touche encore une fois les régions du nord-est de la Sibérie. Des maximums jusqu’à 35 °C ont déjà été enregistrés le 21 juillet à une latitude nord de 70° et de nouvelles températures de 32 °C ont été enregistrées le lendemain avec des nuits à plus de 20 °C.

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Les températures chaudes provoquent une accumulation d'eau à la surface de la glace de mer, accélérant sa fonte. De plus, il existe maintenant de vastes régions d'eau libre. Les rayons du soleil étant absorbés par l’eau.ce phénomène amplifie le réchauffement de l'Arctique et la fonte des glaces.

Un autre facteur qui permet d’obtenir des valeurs records en ce moment est le fait que la glace de mer était beaucoup plus mince que la moyenne durant cet hiver, ce qui signifie que la glace fond plus facilement pendant l'été. Les vents du sud ont aussi participé à ce déficit en poussant la glace de mer loin de la côte habituellement recouverte de glace.

Une chaleur aussi intense et persistante permet également des conditions idéales pour la propagation d'incendies. Les images provenant du satellite Sentinel Hub montrent le nord-est de la Sibérie sous la fumée des feux qui y sévissent en ce moment.

Les émissions totales de carbone estimées sont déjà les plus élevées depuis 18 ans selon Mark Parrington.

Déficit de glace au Canada et en Alaska

Le Canada ne fait pas exception. Un déficit de glace est aussi observé au pays et en Alaska. La douceur installée du côté nord du Canada, au Nunavut, accentuera la fonte de la glace d’ici la fin du mois.

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Des températures de plus de 20 °C ont été enregistrées au Nunavut. Eureka, une des stations les plus au nord, vient de connaître un nouveau record absolu avec 21,9°, ce 25 juillet.

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Les changements climatiques en cause

Ce type d'événement extrême est dû, sans aucun doute, aux changements climatiques. Les régions arctiques sont malheureusement les plus touchées. En général, la glace de mer blanche reflète l'énergie du soleil dans l'espace. Cependant, lorsque la glace fond en raison de températures plus chaudes, l'océan sombre absorbe la chaleur.

Cette chaleur réchauffera la surface de l'océan, et finira par se diffuser dans l'air. Autrement dit, plus il fait chaud dans le cercle polaire, plus il fera chaud à l'avenir.

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De plus, d’après une étude récente réalisée par le World Weather Attribution, la chaleur en Sibérie n’aurait pas pu se produire en l’absence de réchauffement causé par l’Homme.

En effet, les résultats ont montré avec une grande confiance que la chaleur prolongée de janvier à juin 2020 a été rendue au moins 600 fois plus probable en raison des changements climatiques causés par l’Homme. La combinaison des valeurs des modèles et des observations météorologiques montre que dans cette grande région de la Sibérie, la même vague de chaleur de six mois aurait été d’au moins deux degrés Celsius plus fraîche si elle s’était produite en 1900 au lieu de 2020.

Sonnette d’alarme en Arctique

SONNETTE D'ALERME

Record ou pas, le tableau d’ensemble est déjà clair et 2020 est une nouvelle sonnette d'alarme :

-L’Arctique se réchauffe trois fois plus vite que le reste du monde.

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-La superficie de la glace arctique est en déclin.

-Moins de glace de mer signifie un réchauffement mondial des régions arctiques et d’importantes répercussions atmosphériques à des latitudes plus basses, comme des vagues de chaleur plus importantes en intensité et en longueur.

-Des incendies sans précédent dans le cercle arctique empireront dans les années à venir, libérant de grandes quantités de dioxyde de carbone.

-Les animaux sont les premiers à souffrir du manque de glace, comme les ours polaires qui s’éteignent au cours de ce siècle.


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