Une situation anormale sur le fleuve Saint-Laurent

La couverture de glaces est chétive sur le golfe du Saint-Laurent – si bien qu'elle n'est pas très loin d'un record.


Le couvert de glace, sur le Saint-Laurent comme sur d'autres cours d'eau, dépend de plusieurs facteurs. Il est influencé à la fois par la météo (les températures, la pression et les vents) et par des éléments océanographiques (comme les marées et les courants).

Cette année, une situation particulière se produit : le golfe du Saint-Laurent est libre (ou presque), surtout à son embouchure.

Les températures anormalement élevées pour la première portion de l'hiver (de mi-décembre à mi-janvier) ont joué un rôle prépondérant dans cette tendance. Cela a limité les occasions pour la glace de se former, ralentissant son expansion. Résultat : elle est mince et peu étendue dans l'axe du Saint-Laurent.

Sa superficie se situe sous les 5 % en ce moment – ce qui pourrait fracasser un record pour la deuxième reprise en trois ans à peine. En effet, la saison hivernale 2020-2021 a mis la barre haute en matière d'absence de glace. Cependant, cette donnée concerne toute la région de la côte est (incluant les berges de Terre-Neuve-et-Labrador).

De manière générale, le couvert de glace est d'environ 10 % à cette période-ci de l'année (selon la moyenne climatique 1991-2020). La couverture a donc tendance à diminuer à vitesse grand V.

CORR GLACE2

Un élément important réside dans le fait que le couvert varie d'une année à l'autre, et les extrêmes sont de plus en plus prononcés. Les années avec une glace abondante en côtoient d'autres, plus rachitiques. Tout porte à croire que cette tendance continuera de s'accentuer dans les années à venir, avec un penchant pour une glace moins présente.

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Il est essentiel de considérer que la glace est primordiale à de nombreux niveaux. Elle peut protéger les berges contre les courants et contre les tempêtes ; elle favorise la biodiversité, en permettant à plusieurs espèces de s'y reproduire; et elle a une importance culturelle à ne pas négliger (notamment en ce qui concerne la pêche sur la glace).

Des prévisions peu optimistes

Avec le mois de février qui approche à grands pas, le temps file et les possibilités pour la glace de reprendre du poil de la bête s'amincissent. Le froid constant et stable est effectivement nécessaire à la formation d'un couvert plus robuste.

Pour le moment, l'hiver est très doux dans les provinces de l'Atlantique (qui bordent le golfe du Saint-Laurent). La température moyenne à l'aéroport de Charlottetown, sur l'Île-du-Prince-Édouard, a été 3 °C plus élevée que d'habitude pendant le mois de décembre. En janvier, ce chiffre grimpe à 6,1 °C.

Même son de cloche pour les Îles-de-la-Madeleine, qui se trouvent au cœur du golfe du Saint-Laurent. L'anomalie se chiffre à 3,2 °C pour décembre et à 5 °C pour janvier – ce qui représente une différence considérable par rapport à la moyenne.

GLACE1 - ANOM TEMP

Pour le moment, les modèles semblent montrer un mercure au-dessus des normales saisonnières pour la première semaine de février, avant qu'une masse d'air arctique ne reprenne ses droits. Cette poussée glaciale risque de donner un coup de main bienvenu à la glace, qui aura la possibilité de redorer son blason.

*NDLR : Plusieurs informations sont tirées d'un reportage de CBC, publié sur les plateformes de The Weather Network. *


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