Saison froide : faut-il repenser notre alimentation ?

Cure de vitamines, prise de suppléments, aliments offrant une « meilleure » défense immunitaire… Avec le départ de l’été, plusieurs croient qu’il est nécessaire de modifier ses habitudes alimentaires pour mieux affronter la fraîcheur de l’automne et de l’hiver. On démêle le vrai du faux avec le nutritionniste Bernard Lavallée.


« D’un point de vue biologique, pour notre santé, il n’est pas nécessaire de changer notre alimentation. Nos besoins ne changent pas selon la période de l’année », explique de prime abord celui que l’on surnomme « le nutritionniste urbain ». Il peut toutefois être bénéfique pour l’environnement de modifier son alimentation pour s’adapter à l’offre des produits locaux qui est plus limitée en automne et en hiver.

Besoins énergétiques similaires

Contrairement à nos ancêtres qui devaient faire des réserves de tissus adipeux pour se protéger du froid, les maisons chauffées dans lesquelles nous vivons combattent le froid à notre place, ce qui signifie que nos besoins énergétiques demeurent sensiblement les mêmes au fil des saisons. Si l’on pratique un sport à l’extérieur, par contre, il se peut que l’on ressente le besoin d’augmenter notre apport calorique. « On aime ça se faire croire qu’on est dehors à l’année longue, mais ce n’est pas ça la réalité. La majorité du temps, notre corps n’aura pas besoin de s’adapter et n’aura donc pas besoin de dépenser plus d’énergie », continue le nutritionniste.

Selon M. Lavallée, il est primordial de reconnaître et de respecter nos signaux de faim et de satiété. « Ça se peut que d’une journée à l’autre nos besoins changent, qu’on ait besoin de manger plus ou moins. La meilleure façon de le savoir, c’est d’écouter son corps », ajoute-t-il. Le sentiment de faim se traduit parfois par des gargouillis, des maux de tête ou encore des étourdissements.

Chasser les virus

Si certains aliments peuvent sembler de meilleurs alliés contre les virus et les maladies, le nutritionniste soutient qu’une alimentation diversifiée est la clé d’un système immunitaire en bonne posture. Selon lui, il n’est pas possible de « “booster” notre système immunitaire en prenant des suppléments ou en mangeant plus de vitamines que nécessaire. Souvent, c’est ça qu’on va nous vendre comme idée : qu’il y a un tel aliment ou supplément qui va nous aider plus que les autres ». Cette industrie est particulièrement lucrative : la taille du marché mondial des suppléments alimentaires était estimée à 123,28 milliards de dollars américains en 2019.

Exception faite de la vitamine D dont les sources dans notre alimentation sont limitées. « Pendant l’automne et l’hiver, l’angle des rayons solaires n’est pas le même, donc on n’en produit pas. Il y a des gens qui peuvent être en carence de vitamine D, donc oui les suppléments peuvent être pertinents dans ces cas-là », ajoute l’auteur du livre "N’avalez pas tout ce qu’on vous dit", une oeuvre qui s’attaque aux mythes alimentaires. Si l’on soupçonne une carence, une visite chez notre médecin ou pharmacien est de mise.

Combler tous ses besoins nutritionnels ne signifie toutefois pas que nous ne tomberons jamais malades. « Avoir un bon état nutritionnel, c’est-à-dire de remplir tous nos besoins en nutriments, en vitamines et en minéraux en mangeant suffisamment et de façon diversifiée, ça nous aide à combattre les maladies. Ça donne tous les outils nécessaires au système immunitaire pour combattre les virus qui voudront nous attaquer », conclut le détenteur d’une maîtrise en nutrition.

À VOIR ÉGALEMENT : Consommer local : quelques trucs et astuces