Saison des ouragans : prévisions revues à la hausse

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Cette saison des ouragans 2020 s'annonce très active. Les conditions atmosphériques et océaniques seront propices à la formation de ces tempêtes qui menaceront les terres au cours des prochains mois.


La saison commence officiellement le 1er juin et se termine à la fin du mois de novembre, mais il n’est pas impossible de voir se former des tempêtes en dehors de cette période. Une première tempête s’est d’ailleurs formée au mois de mai : il s'agit d’Arthur, la première tempête de l’année.

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Le Dr Philip Klotzbach de l’université du Colorado aux États-Unis vient de publier une nouvelle mise à jour de cette saison des ouragans. Mauvaise nouvelle pour ceux qui sont vulnérables à ces tempêtes marines de grande échelle puisque le nombre total prévu a augmenté : vingt tempêtes tropicales, dont neuf ouragans et quatre majeurs. Les premières prévisions prévoyaient seize tempêtes, huit ouragans et quatre majeurs.

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En moyenne, on enregistre dans l’Atlantique douze tempêtes tropicales et six ouragans (dont trois majeurs). Cette année risque donc d’être très active. De plus, parmi ces vingt tempêtes attendues, déjà cinq d’entre elles se sont formées : Arthur le 17 mai bien avant le début officiel de la saison, Bertha, Cristobal, Dolly et récemment, le 6 juillet, Édouard. C’est la cinquième tempête la plus hâtive jamais enregistrée, l’ancien record est Emily en 2005 le 12 juillet alors que la normale du 5e nom se manifeste le 31 août.

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On rappelle qu’il suffit qu’un système touche terre et cause des dommages pour qu’une année soit considérée comme active, même si le nombre de systèmes formés est inférieur à la normale. Il n’y a donc pas une forte corrélation entre le nombre de tempêtes formées et celles qui touchent terre. C’est pour cette raison que la recherche réalisée par l’université du Colorado et menée par le docteur Philip Klotzbach se concentre de plus en plus sur les probabilités que ces tempêtes affectent des zones habitées.

Cette année, les scientifiques de l’université du Colorado estiment à 69 % la possibilité qu’un des ouragans majeurs (catégorie 3 et plus) formés touche terre aux États-Unis (avec des risques que leurs restes remontent vers le Québec), et 58 % dans les Caraïbes. Ce sont des valeurs bien au-dessus des normales qui sont respectivement de 52 % et 42 %.

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Pourquoi une saison aussi active est-elle attendue ?

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ENSO - El Niño et La Niña

El Niño et La Niña sont des phases opposées du cycle ENSO (El Niño South Oscillation), un terme scientifique pour décrire les fluctuations de températures des eaux équatoriales de surface dans le Pacifique, et leur interaction avec l’atmosphère.

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Source : NOAA

C’est un facteur très important lors de la prévision de la saison des ouragans, puisqu’il influence le patron météorologique. Lorsque nous sommes en phase El Niño (des eaux plus chaudes que la normale), on observe généralement une saison calme, alors que c'est l'inverse durant La Niña en raison du cisaillement de vent plus faible.

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En ce moment, nous sommes en phase neutre « froide », c’est-à-dire que l’anomalie de la température des eaux de surface dans l’océan Pacifique se retrouve entre +0 °C et -0,5 °C. Les modèles prévoient que l’on reste neutre ou une possible transition vers La Niña d’ici la fin de l’année. Lorsqu'El Niño est absent lors du pic de la saison, d’août à octobre, les probabilités d’avoir une année active augmentent.

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Températures des eaux dans l’Atlantique

La source d’énergie principale des ouragans est la chaleur des océans. Une grande partie des eaux tropicales enregistrent déjà des températures au-dessus des normales en ce début juillet. Cette anomalie chaude s’est étendue au cours des dernières semaines. Le patron météo actuel de cette anomalie est semblable aux années historiquement actives.

Mousson africaine

La combinaison des eaux chaudes dans le golfe du Mexique, mais aussi entre les Caraïbes et les côtes africaines (lieu de naissance de ces ouragans), et d’une saison de la mousson ouest-africaine accrue, en plus d’un faible cisaillement de vent, augmentera les risques d’une saison plus active que la normale.

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Et la mousson ouest-africaine a pris un bon départ avec une activité plus importante que la normale au cours des 30 derniers jours. Les précipitations au Sahel ont atteint en moyenne 150 % à 400 % de la normale en juin.

Le hic de ces derniers jours a été la forte poussière saharienne qui a traversé l’Atlantique et a même rejoint les côtes américaines après avoir laissé une brume de sable record aux Antilles. L’air sec et la poussière du Sahara peuvent être des inhibiteurs. Comme il s’agit de phénomènes ponctuels, ils sont difficiles à prévoir.

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La chaleur meurtrière survient des décennies plus tôt