Les lampadaires pourraient-ils déjouer les arbres ?

Émilie AubryCréatrice de contenu

Non seulement les lampadaires nous éclairent, mais ils envoient également de la lumière aux arbres environnants. L’éclairage artificiel dans les villes s’avèrerait troublant pour les autres espèces vivantes. Comprenez comment ici.


Une étude de l’Université d’Exeter en Grande-Bretagne avance que l’éclairage public mènerait à un débourrement plus hâtif des bourgeons. Concrètement, leur épanouissement se produirait jusqu’à 1 semaine plus tôt que lors d'un cycle naturel. Pour en arriver à cette constatation, des écologues ont suivi l’évolution saisonnière de certains hêtres, frênes et chênes pendant treize années consécutives.

Les arbres sont munis de plusieurs photorécepteurs répartis non seulement sur leurs feuilles, mais aussi leurs tiges, qui sont en mesure de capter l’énergie lumineuse. Ces photorécepteurs, encore appelés phytochromes, ont la particularité de gérer plusieurs phénomènes biologiques, notamment ceux impliqués dans l’absorption de l'énergie lumineuse. Ils ont ainsi la capacité de percevoir le rouge et d’évaluer les heures d’ensoleillement quotidiennes. Ce mécanisme permet aux arbres de reconnaître les saisons. Ainsi, les rayons plus chauds du soleil au printemps ainsi que la durée de l’ensoleillement agissent comme des déclencheurs de la reprise de l’activité physiologique, qui se traduit par le débourrement, c’est-à-dire par le développement des bourgeons végétatifs et floraux. Le fait que de la lumière artificielle entoure de plus en plus notre végétation, cela désynchronise les cycles naturels établis par la rotation et l’orbite de la Terre depuis des millions d’années.

Ce changement dans le cycle naturel des arbres peut avoir de graves conséquences sur la vie de certains animaux. Par exemple, il existe des insectes, comme la Phalène brumeuse, qui doivent faire éclore leurs œufs au moment du débourrement de l’arbre, car la larve qui en émerge se nourrit de bourgeons. Ainsi, si le débourrement se réalise plus tôt en saison, les bourgeons des arbres seront devenus, au moment de l’éclosion des œufs, des feuilles toxiques pour la larve qui risque alors de mourir de faim. La chaîne alimentaire serait également interrompue, puisque les oiseaux qui se nourrissent habituellement de ces larves mourront à leur tour de faim, tout comme leurs prédateurs

À la suite de ces constatations, des villes ont pris la décision de privilégier des éclairages DEL intelligents, c’est-à-dire faits de diodes électroluminescentes qui peuvent produire l’électricité sans émettre de chaleur superflue. Parmi les nombreux avantages, on compte aussi le fait que leur intensité lumineuse est ajustable.

Il est donc important d’éviter de troubler la croissance naturelle des végétaux tant foliaire que racinaire, car leur présence sur Terre est essentielle à la vie. Les plantes sont sensibles à nos actions, la diminution de leur population serait une catastrophe écologique.

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