Les lacs glaciaires sont en expansion et ce n'est pas bon signe

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Les lacs glaciaires, ces plans d’eau créés par la fonte des glaciers, sont en forte augmentation depuis 30 ans, et ceci pourrait avoir des conséquences à plusieurs niveaux.

On parle ici de glaciers continentaux, ceux qui se trouvent sur les terres. Quand ceux-ci se détachent, ils reculent et laissent derrière eux de plus petits morceaux de glaces qui fondent par la suite. Cette eau voyage ensuite selon la topographie du terrain. Certains lacs glaciaires se forment après que l’eau a été retenue par la moraine laissée par le glacier, alors que d’autres ruissellent vers les cavités naturelles du sol.

De plus en plus nombreux

Selon une récente étude réalisée par une équipe de l’université de Calgary, le nombre de lacs glaciaires a augmenté de 53 % entre 1990 et la fin des années 2010, en raison de la fonte des glaciers. Sur une période de 30 ans, ce sont environ 5 000 nouveaux lacs qui se sont créés à travers le monde. La majorité de ces lacs se trouve dans de hautes latitudes, c’est-à-dire en Alaska, au Canada, en Scandinavie, au Groenland et en Patagonie.

Il n’y a pas que le nombre de lacs glaciaires qui a augmenté : le volume de certains aussi. Si les résidus du glacier fondu ne sont pas bien compactés, l’eau aura tendance à s’infiltrer dans le sol. Ainsi, le lac se vide. Toutefois, si la portion du sol où l’eau s’est accumulée est bien solide et que la cavité est profonde, le lac se remplira et son volume augmentera. Selon l’équipe de l’université de Calgary, le volume des lacs glaciaires a connu un bond de 48 % en 30 ans.

Toutes ces augmentations sont causées, entre autres, par les changements climatiques qui contribuent à augmenter les températures aux pôles et en altitude. Les récentes données montrent que l'Artique se réchauffe trois fois plus rapidement que la moyenne planétaire, surtout en automne et en hiver. Toutefois, les lacs glaciaires évoluent différemment selon la région. Ceux que l’on retrouve en Patagonie ont presque doublé de volume, alors que ceux de l’Alaska et du Canada (Yukon et Colombie-Britannique) ont doublé de surface. Dans la portion sud-ouest du Groenland, ces lacs ont diminué en volume parce que le glacier présent a reculé et a formé de nouveaux lacs. Au nord de ce territoire du royaume du Danemark, on en observe davantage. En Amérique du Sud, dans la cordillère des Andes, on observe une augmentation de 35 % au niveau du volume depuis 1990. L’Asie n’est pas épargnée non plus. Au Bhoutan, dans les années 1990, on comptait seulement 29 lacs de ce type, à une altitude entre 4 300 mètres et 5 800 mètres. Aujourd’hui, ce nombre s’élève à 161, à une altitude plus basse.

En bref, le volume des lacs en hautes latitudes a augmenté beaucoup plus rapidement que celui des lacs des régions polaires, en raison du réchauffement planétaire des températures. L’étude conclut également que ces augmentations de volume et de superficie ne cesseront d’augmenter et peut-être même qu’elles pourraient s’accélérer.

Un risque pour des millions de gens

Plusieurs communautés vivent près des lacs glaciaires et en dépendent pour leur approvisionnement en eau potable. C’est la raison pour laquelle ils sont surveillés de près. De plus, ceux qui sont créés en raison de la présence d’une moraine présentent des risques d’inondations, advenant le cas où ces amas de pierres s’effondrent. De plus, lorsque le sol de ces lacs n'est pas compact, les parois sont plus fragiles et peuvent céder elles aussi. Les chercheurs derrière cette étude constatent que plusieurs infrastructures reliées au tourisme et à l’économie sont en danger. Par exemple, les ascensions du mont Everest dans la portion népalaise pourraient être affectées. C’est aussi le cas de certains projets de développement énergétique et routier.

Une collaboration entre Patrick de Bellefeuille et Alex Verville, Présentateurs et Créateurs de contenu.


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