Le Rocher Percé va-t-il disparaître un jour ?

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La hausse du niveau de la mer couplée à une augmentation de l’intensité des tempêtes va accélérer l’érosion côtière, déjà en cours en Gaspésie. Cette situation combinée à la perte de pierres fait craindre le pire pour le célèbre rocher.

Un rapport publié en début de semaine par Environnement et Changement climatique Canada conclut que le pays se réchauffe deux fois plus vite qu’ailleurs dans le monde. À ce sujet, tout joue contre nous.

Non seulement le Québec se réchauffe comme le reste de la planète, mais notre position géographique fait augmenter le phénomène. On sait que si la planète se réchauffe de deux degrés, l’Arctique se réchauffera beaucoup plus.

L’étude confirme que la température moyenne au Canada a augmenté de 1,7 degré par rapport aux régions plus près de l’équateur, qui ont connu une augmentation de 0,8 degré.

Cette hausse aura un impact sur plusieurs facettes de notre vie quotidienne. L’impact sur les océans sera notable et comme le Canada est bordé par trois océans, la province n’y échappera pas.

La hausse du niveau de la mer créée par la fonte des glaciers est amplifiée par la dilatation de l’eau à cause de son réchauffement. Le rapport conclut que la pointe gaspésienne verra une hausse du niveau des eaux de près d’un mètre d’ici la fin du siècle.

En combinant plusieurs facteurs, on peut presque prédire la disparition du Rocher Percé. La hausse du niveau de la mer couplée à une augmentation de l’intensité des tempêtes va accélérer l’érosion côtière dont souffre déjà la Gaspésie à raison de 30 cm par année.

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Il faut ajouter à cela, la diminution du nombre de jours avec de la glace en hiver qui protège le rivage et le Rocher contre l’érosion.

En effet, depuis plusieurs années, selon Rémi Plourde, directeur du parc national de l’Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé, le lien de glace qui unissait la côte à l’île Bonaventure ne se forme plus et la glace protectrice qui apparaît autour du Rocher n’est plus toujours au rendez-vous, a-t-il confirmé en entrevue téléphonique à MétéoMédia.

Quand elle se forme, elle est plutôt mince et ne protège donc plus le Rocher des intempéries. Ce dernier perd déjà en moyenne 300 tonnes de pierres par année, ce qui représente presque une tonne par jour. Difficile d’évaluer quand le trou du Rocher s’écroulera, mais les conditions météo à venir au fil des prochaines décennies vont certainement devancer l’effondrement.

Un autre élément dont il faut aussi tenir compte dans ce phénomène d’érosion, c’est celui des mouvements de la croûte terrestre. Lors de la dernière grande glaciation, le Canada croulait par endroits sous trois à quatre kilomètres de glace.

Selon Thomas James de Ressources Canada, que MétéoMédia a contacté, le poids de toute cette glace a provoqué l’affaissement de la croûte terrestre sous la baie d’Hudson.

En s’affaissant, le magma sous la croûte s’est déplacé en profondeur et vers les zones limitrophes de la calotte, faisant remonter la croûte terrestre au niveau des Maritimes et de la côte de la Colombie-Britannique. Maintenant que la glace a disparu, la croûte reprend sa forme initiale en remontant au niveau de la baie d’Hudson et en s’affaissant au niveau des Maritimes et de la côte ouest. Un niveau de la mer qui monte couplé à une croûte terrestre qui s’affaisse dans les Maritimes accélèrera l’érosion dans l’est du pays.

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