Ce petit garçon a été élevé au milieu d’une meute de chiens

On le surnomme Obélix. Parce qu’il est tombé dans la marmite de la Fondation Mira quand il était petit. C’est une bien belle histoire que s’apprête à me raconter Nicolas St-Pierre, fils du fondateur et grand amoureux des chiens.

On s’est installé à l’extérieur, dans un parc. Le temps est magnifique. On croirait qu’il y a une fête au village avec la dizaine de chiens qui courent un peu partout.

Nicolas me montre du doigt le vaste terrain, où sont érigés aujourd’hui, les locaux de la Fondation Mira, situés à Sainte-Madeleine, en Montérégie.

« Quand j'étais petit, ici, c'était ma piste de motocross. » - Nicolas St-Pierre, Directeur général de la Fondation MIRA.

C’est au milieu de ce qui était à l'époque un terrain vacant que Nicolas a grandi. Enfant unique, il adopte rapidement comme frères et sœurs les chiens que son père Éric entraîne, avec lesquels il prend plaisir à jouer et à se rouler dans la boue.

« Quand je rentrais dans la maison, ma mère me disait tout le temps ‘’tapis’’. J’étais tellement sale (Rire) ! » - Nicolas

QUELQU’UN

Le premier Buddy de Nicolas s'appelait Quelqu’un. C’était un Golden Retriever vite devenu son meilleur ami. Ils étaient inséparables. Le soir en revenant de l'école, la première chose que Nicolas faisait était d’aller le chercher au chenil et de jouer avec lui. Ensemble, ils ont joué au soccer et même à la cachette. On peut dire que Quelqu’un était vraiment… quelqu’un !

Sa facilité de communiquer avec les chiens lui vient de là. À force de côtoyer au quotidien autant d'amis à quatre pattes, on finit par les comprendre.

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CORBILLARD

Nicolas me raconte qu’au primaire, il était vu comme le weird kid de l’école. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours qu’on voit un papa aller chercher son fils en corbillard. Un corbillard rempli de chiens (rire) !

« Au début de MIRA, on n'avait vraiment pas beaucoup d'argent et mon père s’est fait donner un corbillard. Tout le monde me demandait : ‘’ Tabarouette, qu'est-ce qu'il fait, ton père ? Y’es-tu croque-mort ? ‘’ Non non non, c’est des chiens. C’est un camion à chiens. » - Nicolas

Au début de l’aventure, personne ne savait ce qu’étaient des chiens-guides. Petit à petit, le mot a circulé et de petit garçon bizarre, Nicolas est devenu populaire. Tout le monde voulait aller jouer chez lui. La plupart de ses amis habitaient en banlieue et n'avaient pas d’animaux. Aller jouer chez Nicolas, c'était l'activité la plus trippante à faire.

Et avec ce fameux corbillard, Nicolas se souvient d’une anecdote qui le fait rire encore aujourd’hui.

« Dans un corbillard, il n’y a pas de poignée à l’intérieur. Mon père s’est retrouvé enfermé dans la voiture qui était stationnée à Saint-Hilaire pendant tout un après-midi avec les chiens qui bougeaient et qui jappaient. Il n’y avait pas de cellulaire dans le temps. C’est ma mère qui l’a retrouvé quelques heures plus tard. (Rire) » - Nicolas

DONNER PAR PASSION

Nicolas a grandi chez Mira. Lorsqu’il était lui-même adolescent, il aidait son père à former les chiens qui ensuite étaient donnés à des jeunes de son âge. De jeunes bénéficiaires qui, grâce à cette aide, sont sortis de leur zone de confort et ont réussi à se dépasser. Nicolas est très fier de ça.

« À chaque fois que je donne un chien, il y a quelque chose de magique qui se passe. Ces moments-là ne se décrivent pas. Et tu sais, à force de côtoyer ces gens-là, qui chaque jour se lancent dans la vie à bras ouverts et avec le sourire, ils me font réaliser que moi, je n’ai pas de raison de dire que je ne vais pas bien ce matin. » - Nicolas

1981

Nous sommes le 22 janvier 1981. À l’époque, tous les chiens-guides proviennent des États-Unis et aucune école francophone n’existe au Canada. Grâce à une amie qui travaille pour l'Institut Nazareth et Louis-Braille (INLB), un centre de réadaptation pour non-voyants, Éric St-Pierre, le père de Nicolas, commence l'entraînement des chiens d'assistance. Il le fait en français et les chiens sont adaptés aux conditions météo du Québec.

Pendant que son père met sur pied sa fondation qui sera reconnue partout en Amérique du Nord et en France, Nicolas, le suit à la trace.

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« Mon père m'a tellement donné et m'a tellement enseigné. J'ai été collé dans ses culottes parce que je voulais tout apprendre de sa vision, de son entraînement et de sa passion pour les chiens. Ce que je suis devenu, c’est grâce à lui. J’en suis très reconnaissant. » - Nicolas

À ce jour, Mira a offert gratuitement plus de 3 000 chiens-guides et chiens d’assistance à des bénéficiaires vivant au Canada.