Le climat n’a que très peu bénéficié de la pandémie

Avec l’arrêt complet des activités en mars dernier à cause de la pandémie, on aurait cru que la diminution des émissions engendrées par le confinement allait donner un bon coup de main à la lutte aux changements climatiques. Cependant un rapport intitulé « United for Science » émis par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) conclut que cette baisse n’a pas eu d’effets notables sur les concentrations de CO2 dans l’atmosphère.

CO2 : une durée de vie considérable

Au mois d’avril 2020, les émissions mondiales de CO2 avaient diminué de 17 % par rapport à avril 2019. C’était du jamais vu. Avec la reprise de certaines activités, on estime que pour l’année 2020, au complet, elles auront baissé de 4 à 7 %. L’ampleur de cette diminution dépendra de l’évolution de la pandémie. Selon le rapport, la réduction des émissions de CO2, en 2020, n’aura pas d’impact sur le taux d’augmentation des concentrations atmosphériques, qui sont le résultat des émissions passées et actuelles et de la très longue durée de vie du CO2. En comparant juillet 2019 à juillet 2020, on remarque que la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère a augmenté. Deux stations de référence, Mauna Loa (Hawaï) et Cape Grim (Tasmanie), ont vu leurs concentrations passer respectivement de 411,74 ppm (parties par million) et 407,83 ppm en juillet 2019 à 414,38 ppm et 410,04 ppm pour juillet 2020.

Le rapport conclut également que pour atteindre l’objectif de 2 °C, il faudrait diminuer nos émissions de 3 % par an entre 2020 et 2030 et de 7 % par an pour atteindre l’objectif de 1,5 °C de l’Accord de Paris. À cause de la pandémie, cet objectif sera probablement atteint pour 2020, mais il faudrait que cette diminution soit répétée tous les ans jusqu’à la fin de la décennie, si on veut que cela ait un réel impact sur le climat.

État mondial du climat

L’OMM profite de ce rapport pour brosser un tableau complet du climat mondial. Notre planète s’est déjà réchauffée, pour la période 2016-2020 de 1,1 °C par rapport aux valeurs de la période de référence, soit 1850-1900. D’ailleurs, malgré la pandémie, la période 2016-2020 est en voie de devenir la période quinquennale la plus chaude. Les experts soulignent qu’il y a 70 % de chance que les températures d’un ou de plusieurs mois dépassent de 1,5 °C les valeurs préindustrielles, au cours des cinq prochaines années (2020-2024).

Depuis 1970, les océans ont absorbé 90 % de l’excédent de chaleur accumulé dans le système climatique. La vitesse d’absorption de la chaleur par les océans a plus que doublé depuis 1993. Cette chaleur contribue à la fonte des calottes glaciaires. Cette fonte et la dilatation thermique des océans font que le niveau des océans augmente d’environ 3,6 mm par année. Ceux-ci sont de plus en plus acides puisqu’ils ont absorbé 20 à 30 % de nos émissions de CO2 depuis les années 80.

D’ici 2050, le nombre de personnes menacées par les inondations augmentera de 30 % pour affecter 1,6 milliard de personnes. Si en 2010, près de deux milliards de personnes vivaient dans des régions où l’eau pouvait se faire très rare, ils seront plus de trois milliards en 2050.

Le réseau d’observation également affecté

De nombreuses études qui devaient être réalisées ont été annulées à cause de la pandémie, comme celles sur la concentration de carbone, la température, la salinité et l’alcalinité à toutes les profondeurs des océans. Malheureusement, ces études ne sont effectuées que tous les dix ans. Les campagnes de mesure du bilan de masse des glaciers ou de l’épaisseur du pergélisol, qui sont en général effectuées à la fin de la période de dégel, ne pourront probablement pas avoir lieu. Toutes ces interruptions dans l’acquisition de données auront un impact sur notre capacité à surveiller le changement climatique et ses conséquences.