Le cercle Arctique coincé dans un cercle vicieux et ce n'est pas bon signe

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Il a fait 38 °C à la station de Verkhoyansk, en Sibérie, en Russie, le week-end dernier. Cette valeur n'est pas seulement un record absolu pour la station mais aussi la température la plus chaude jamais enregistrée pour une ville située dans le cercle polaire.

Verkhoyansk, en Sibérie, est habitée par 1200 habitants et se situe au nord est de la Sibérie, à une latitude comparable au Canada à Inuvik, dans les Territoires du Nord Ouest, ou à d'autres villes situées au nord du Nunavut.

Depuis quelques jours, un dôme d'air anormalemement chaud stagne au-dessus de la Sibérie, provoquant des poussées de chaleur presque inédites.

La ville de Verkhoytansk connaît une canicule bien plus importante qu'à Montréal en ce moment en terme de température maximale. D'après les données météorologiques russes, cela fait déjà six jours que les maximums dépassent les 30 °C, dont quatre journées au-dessus de 34 °C et un record absolu de 38 °C !

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Cette valeur est encore sous investigation :

L'ancien record pour la ville était de 37,3 °C le 27 juillet 1988. La normale à ce temps-ci de l'année est de 21 °C, donc cela représente une température de 17 °C au-dessus de la normale et non 30 °C comme certains médias ont pu le dire.

Verkhoytansk détient désormais le plus grand écart de températures jamais enregistré sur la planète, puisque le mercure a déjà atteint -67,8 °C en hiver... Soit un écart de 105,8 °C.

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En comparaison, le record absolu de chaleur à Montréal est 37,6 °C (août 1975) et le record de froid est de -37.8 °C (en 1957), soit un ecart de 75,4 °C.

Une chaleur qui dure

Ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est que cette chaleur est présente sur la région depuis plus de six mois. Au printemps, une anomalie de +7° a été enregistré.

Voici une carte qui represente les anomalies de températures (différence entre la température observée et la normale). Une tâche rouge foncé tape a l'oeil sur ce graphique : elle représente des température largement au-dessus des normales, jusqu'à 10 °C au-dessus de celles-ci... Et cette tâche est près de la Sibérie.

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Au Québec se retrouve avec des températures légèrement au-dessus des normales depuis le début de l'année.

On rappelle que 2020 se classe à quelques dixième de degré du record de chaleur mondial datant de 2016, et c'est en grande partie à cause de l'anomalie en Sibérie puisque, contrairement à 2016, El Niño n'est pas de la partie.

La Russie quand à elle, connaît son début d'année le plus chaud et de loin ..

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Source : berkeleyearth

Une chaleur non sans conséquence

Une chaleur aussi intense et persistante permet des conditions idéales pour la propagation d'incendies.

Les images satellites du 22 juin montrent le nord est de la Sibérie sous la fumée des feux qui y sévissent. Les points rouges représentent les foyers d'incendies. La fumée des feux laisse une mauvaise qualité de l'air dans ces régions et se propage en Arctique et dans le Pacifique.

L'étendue de glace y est aussi à son plus bas:

Les changements climatiques sont en cause

Le courant-jet délimite les masse d'air chaudes et froides. Il n'est pas rare que celui-ci remonte suffisamment pour que la masse d'air chaud envahisse certaines régions de la Sibérie.

Seulement lorsque les vents ralentissent, et que la masse d'air chaud stagne, cela peut produire des extrêmes de température comme en ce moment pour cette région.

Ces événements extrêmes sont observés partout dans le monde... Rappelez-vous, en mai dernier, alors que le mercure a grimpé jusqu'à 36,6 °C à Montréal. Mais ce n'est pas tout !

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Ce même patron météo a permis à de nombreux pays d'Europe de battre des records de chaleur absolus l'été 2019. Et au printemps dernier, on rappelle que l'Alaska a connu des vagues de chaleur intenses qui ont eu de grosses conséquences sur la glace arctique.

Ce type d'événement extrême est dû aux changements climatiques. Les régions arctiques sont malheureusement les plus touchées. En effet, en général, la glace de mer blanche reflète l'énergie du soleil dans l'espace ; mais lorsque la glace fond en raison de températures plus chaudes, l'océan sombre absorbe la chaleur...

Cette chaleur réchauffera la surface de l'océan, qui finira par se diffuser dans l'air. Autrement dit : plus il fait chaud dans le cercle polaire, plus il fera chaud à l'avenir.

SOURCES : Copernicus ; Berkeley

berkeleyearth

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