La mer monte, mais les continents aussi

Une des réalités des changements climatiques sera l’impact de la hausse du niveau de la mer sur les continents et les pays insulaires, augmentant ainsi l’intensité et la fréquence des inondations. Cependant, il n’y a pas que l’eau qui monte, les continents aussi.

Le retour du balancier

Lors de la dernière grande glaciation, l’Amérique croulait sous une calotte glaciaire mesurant plus de deux kilomètres d’épaisseur par endroits. C’est aussi le cas pour l’Europe et une partie de l’Asie. Tout le poids de cette glace a exercé une énorme pression sur la croûte terrestre. Pendant plus de 75 000 ans, elle a écrasé le continent qui s’est enfoncé sous son poids, même si la Terre a connu pendant ce temps quelques périodes interglaciaires. Pour créer une telle accumulation de glace, il a fallu beaucoup d’eau. Durant cette période, les océans avaient un niveau 130 mètres plus bas que celui d’aujourd’hui. Il y a 6000 ans, cette période de grande glaciation s’est terminée. La majeure partie de cette glace continentale a fondu et les océans ont vu leur niveau remonter au niveau qu’on connaît aujourd’hui. Cependant, puisque les centaines de milliards de tonnes de glace n’exercent plus de pression sur la croûte terrestre, celle-ci a commencé à se relever pour reprendre sa forme préglaciation. Ce mécanisme pose un problème quand il s’agit de quantifier l’évolution de la hausse du niveau des océans, car si l’eau monte et que les continents montent aussi, mais à un rythme différent, on n’a plus de repères pour déterminer la hausse exacte des océans. Les deux phénomènes se produisent, également, à une échelle de temps bien différente. La remontée de la croûte se fait sur des milliers d’années tandis que la hausse des océans se mesure sur des décennies.

Affaissement du plancher océanique

Il y a plusieurs éléments qui sont responsables de la hausse du niveau des océans. Il y a, d’abord, l’expansion thermique. Lorsqu’un liquide est chauffé, il prend du volume, mais n’augmente pas en termes de masse. En simple, les océans occupent plus de place, mais ne pèsent pas plus. Il y a aussi la fonte des calottes glaciaires de l’Antarctique et du Groenland ainsi que des glaciers terrestres. Selon les spécialistes, ce sont ces fontes qui seront responsables de la majeure partie de la hausse du niveau des océans. On assiste maintenant à un transfert du poids qui pesait sur les continents vers les océans. Puisque les fonds marins sont relativement élastiques, le plancher des océans s’enfonce et s’agrandit. Selon une étude faite par AGU 100 parue dans « Geophysical Research », celui-ci s’enfonce en moyenne de 0,11 mm par an à cause de l’augmentation de la masse d’eau arrivant des régions émergées. Cet affaissement des fonds marins n’est cependant pas suffisant pour amortir la hausse que nous connaissons.

La hausse s’accélère progressivement

D’après une étude de la NASA basée sur les données recueillies par les satellites de la NASA et de l’Europe depuis 25 ans, la hausse du niveau des mers s’accélère, plutôt que de monter de façon linéaire. Au XXe siècle, le niveau des océans augmentait, en moyenne de 2 mm par an, mais depuis les années 90, cette hausse est supérieure à 3 mm par an. Depuis les 25 dernières années seulement, les océans ont vu leur niveau monter de 8 cm. Sans cette accélération, ils auraient connu une hausse de 5 cm. Même si la fin du siècle semble bien loin, cette nouvelle étude prédit que le niveau des océans montera de 65 cm d’ici 2100. C’est assez pour que des villes côtières comme New York, Londres, Sydney, Durban et plusieurs autres se retrouvent sous les eaux.