Important phénomène : le Blob est de retour

Une large zone, située au large de la Colombie-Britannique, retient actuellement l'attention dans l'océan Pacifique. Les eaux de surface sont près de 5 °C plus chaudes que d'habitude – et tout indique que cette chaleur n'est pas près de tirer sa révérence.


Le développement de cette curieuse anomalie, que les scientifiques surnomment le Blob, a commencé en mai, mais elle a gagné en intensité en juillet. Une zone de haute pression s'est bâtie au centre du Pacifique Nord, jouant un rôle clé dans le réchauffement des eaux.

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Pourquoi s'est-il formé?

Deux éléments expliquent sa formation : la présence d'un anticyclone et un phénomène plus large, l'oscillation décennale du Pacifique (ou PDO).

Un facteur clé est un anticyclone, qui s'est imposé pendant de longues semaines dans le secteur. Ce type de contexte atmosphérique réduit la présence des vents. Ces derniers brassent l'océan et font remonter les eaux profondes, plus froides, à la surface. En l'absence de rafales, la chaleur s'emmagasine plus rapidement au même endroit.

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L'autre élément à considérer est le PDO. Ce phénomène correspond à une variation de la température de l'eau dans l'océan Pacifique, entre le Canada et la Russie. Son cycle oscille entre une phase négative (froide) et une phase positive (chaude), souvent sur plusieurs décennies. Pendant une phase chaude, l'ouest du Pacifique est plus frais alors que l'est se réchauffe, et vice-versa lors d'un épisode froid. En ce moment, l'océan serait sous l'influence d'une ère négative. Sa forme prend actuellement celle d'un fer à cheval : une large région chaude entourée d'eau plus froide. Ce contexte a pu contribuer à la formation du Blob, en encourageant son intensité et sa longévité.

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Résultat : une canicule marine s'est formée, gagnant en intensité au cours des dernières semaines. On la surnomme le Blob. Cette situation se produit en plein épisode La Niña, qui est bien campée au large des côtes chiliennes.

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Bon à savoir : le Blob correspond à une anomalie d'eau chaude dans l'océan Pacifique, au large de la Colombie-Britannique. Le plus important événement du genre s'est produit entre 2013 et 2016 et a encouragé une chaleur inhabituelle dans le nord-ouest du continent nord-américain. Les températures de l'eau de surface se sont maintenues en moyenne à 2,5 °C au-delà des normales pendant 226 jours consécutifs. La prolifération d'algues qui a suivi a eu des impacts majeurs sur les pêcheries et sur les écosystèmes de la région.

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Impacts potentiels jusqu'au Québec

L'anticyclone à l'origine du Blob peut avoir un impact sur le courant-jet polaire (soit celui qui gère la trajectoire des systèmes dépressionnaires et des masses d'air qui touchent le Québec). Ce fut notamment le cas en 2015, où il a été blâmé pour avoir apporté un hiver neigeux et froid à l’est du continent américain, dont au Québec, et des conditions de sécheresse sur la côte ouest. À Montréal, les hivers 2013-14 et 2014-15 font partie des plus froids jamais enregistrés.

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Le contexte actuel dans l'océan Pacifique peut donc influencer la météo sur de très larges portions de territoire. Un effet sur l'automne est donc possible et ce, jusqu'au Québec. Cependant, il est crucial de garder en tête que les saisons sont modelées par un large éventail de facteurs, dont le Blob et le contexte qui l'accompagne ne sont que des exemples.

Pas près de plier bagage

Pour l'instant, cette canicule marine ne semble pas près de perdre des plumes. Au contraire, elle tend à prendre de l'expansion de plusieurs manières, et elle gagne du terrain vers l'est et vers le nord. D'après les prévisions actuelles, l'anomalie chaude devrait rester stable au cours des prochaines semaines, atteignant jusqu'à 5 °C à certains endroits.


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