Faire de l'électricité avec du jus d’orange

La ville de Séville, en Espagne, est aux prises chaque année avec des tonnes d’oranges dont personne ne veut. La ville arbore fièrement 50 000 orangers qui donnent 5,7 millions de kilogrammes de fruits annuellement. Puisque tous les fruits ne sont jamais consommés, une partie se retrouvent jonchant les rues et les trottoirs. La ville a donc mis en place un programme pour transformer ces oranges en électricité.

Chaque problème a sa solution

Non seulement la chute des oranges est un danger pour les passants, mais en plus elles attirent une quantité astronomique de mouches à fruits qui s’accrochent aux pneus des automobiles souillés par leurs passages sur les agrumes qui recouvrent le sol chaque année. C’est sans compter les coûts de nettoyage que la ville doit débourser annuellement. Il s’agit ici d’une variété d’oranges au goût amer, qui ne plaisent pas à tous. Emasesa, la compagnie municipale des eaux, qui assainit et approvisionne les Sévillans, a lancé ce projet l’an dernier. Les oranges sont utilisées pour produire du biogaz qui servira à produire de l’électricité, utilisée pour faire fonctionner l’usine de purification des eaux.

On utilise 50 % du jus et 50 % des écorces des oranges, le reste, comme le cœur et les fibres, est envoyé au compost. Lors du processus de fermentation, le méthane émis par les oranges est capté et utilisé pour faire fonctionner les génératrices qui produisent le courant nécessaire au fonctionnement de l’usine. Le méthane, ainsi brûlé, ne se retrouve pas dans notre atmosphère. Heureusement, car c'est un puissant gaz à effet de serre. Avec seulement 1000 kg de ce résidu, on peut produire assez d’électricité pour subvenir aux besoins de cinq résidences pendant une journée.

Le conseil municipal de la ville de Séville caresse de grands espoirs, car son but ultime est de produire assez d’énergie pour pouvoir la réinjecter dans le réseau électrique national. Si toutes les oranges étaient utilisées dans ce procédé, et que l’électricité produite était envoyée au réseau, c’est 73 000 foyers qui seraient ainsi fournis en énergie. Selon la ville, cette initiative va l’aider à atteindre ses objectifs de réduction d’émissions.

Les oranges amères de Séville sont, en majorité, exportées en Grande-Bretagne pour faire de la marmelade. C’est aussi l’orange de Séville qui est le principal ingrédient du Cointreau et du Grand Marnier. Ce type d’orange a été implanté en Espagne par les Arabes il y a plus de mille ans. Elles se sont admirablement adaptées au climat de l’Espagne méditerranéenne.