Et si la Terre tournait à l'envers...

C'est depuis la création de la Voie lactée que ses particules voyagent circulairement, dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. C’est pourquoi notre planète suit aussi cette orientation, comme ses consœurs, à l’exception de Vénus. Mais de quoi aurait l’air la Terre si elle avait toujours tourné dans l’autre direction ?


C’est une grande question à laquelle il est intéressant d'essayer de répondre. Si notre planète tournait dans le sens des aiguilles d’une montre depuis le début de son existence, plusieurs événements seraient complètement différents, comme les levers de soleil qui s’effectueraient à l’ouest. Dans le but de l'exercice, supposons que le monde se soit formé exactement de la même manière que ce qui s'est réellement passé, avec pour seule différence le sens de rotation inversé.

Un changement qui change tout !

La différence majeure qui est observée dans un tel scénario est le changement de direction que prennent les vents dominants (les courants-jets) et les courants marins dominants. Les premiers font voyager les précipitations et les masses d’air autour du globe, pendant que les derniers distribuent la chaleur des océans. Ils sont à l'origine de l’Amazonie en Amérique du Sud, des saisons des pluies en Inde, du climat tempéré de l’Europe, et ainsi de suite. Il va de soi que dans le scénario hypothétique que l’on présente ici, tout ceci serait chamboulé. La Terre ne serait pas la même que celle qu’on connaît.

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Direction et vitesse des vents. À gauche, la Terre actuelle. À droite, la Terre tournant à l'envers.

Plus de végétation, moins de déserts

Une des différences les plus évidentes se trouve au niveau de la végétation. Au total, la Terre gagnerait onze millions de kilomètres carrés d’étendues vertes au détriment des déserts. Celui du Sahara n’existerait pas et donc, ses nutriments n’auraient jamais atteint l’Amérique du Sud pour y aider l’Amazonie à verdir. Ces deux merveilles naturelles seraient méconnues et ce serait plutôt l'Argentine et le sud du Brésil qui formeraient le plus grand désert du monde. Même le sud-est des États-Unis, comme la Floride, le Texas et la Louisiane, aujourd’hui composés de milieux humides, deviendrait plus aride. Dans tous les cas, aucun désert ne serait aussi extrême que le Sahara actuel.

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Index de la végétation. À gauche, la Terre actuelle. À droite, la Terre tournant à l'envers. Les cercles rouges correspondent aux nouvelles zones désertiques. Le cercle jaune indique la nouvelle forêt du nord de l'Afrique

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Avec ce gain en végétation, il va de soi qu’on observerait une plus grande capture de dioxyde de carbone, et donc, une plus grande production d’oxygène. De plus, les mouvements océaniques seraient chamboulés, ce qui ferait en sorte que l’océan Indien connaîtrait moins de circulation. Cela donnerait lieu à une eau plus élevée en phosphore et réduite en nitrate, ce qui occasionnerait le développement de cyanobactéries au détriment des phytoplanctons. Cela mènerait aussi à une plus grande production d’oxygène.

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De nouveaux climats marqués

Sur la Terre comme on la connaît aujourd’hui, le courant dominant méridional, qui fait voyager la chaleur des océans à travers le globe, se trouve en Atlantique. C’est notamment pour cette raison que l’Europe vit des hivers moins intenses que ceux du Québec, malgré une latitude similaire. Sur une Terre tournant en sens horaire, ce courant dominant migrerait vers le Pacifique.

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Couverture neigeuse. À gauche, la Terre actuelle. À droite, la Terre tournant à l'envers. On y voit très bien l'Europe complètement ensevelie, excepté le Portugal et l'Espagne, alors que l'est de la Russie reçoit moins de neige.

Ainsi, il y aurait plus de chaleur apportée au nord du Pacifique, ce qui ferait perdre la palme de pays le plus froid pour la Russie, d'autant plus que des vents plus chauds toucheraient la région. Le continent européen, lui, connaîtrait une chute globale d’environ 10 °C. La neige serait plus présente à cet endroit.

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Température de surface. À gauche, la Terre actuelle. À droite, la Terre tournant à l'envers. On peut observer l'Europe et la Californie sous des températures froides (en bleu) alors que l'est de la Russie et l'est de la Chine vivent dans une chaleur plus marquée (en rouge).

À l’échelle mondiale, la Terre perdrait seulement 0,18 °C. En général, les pays subtropicaux et ceux situés à des latitudes moyennes deviendraient plus chauds à l’est et plus froids à l’ouest. Par exemple, la Californie serait moins chaude qu'on la connaît, tout comme l’Ouest africain.

Météo extrême : des changements à prévoir

En ce qui concerne les événements météorologiques extrêmes, leur intensité et leur force ne risqueraient pas de diminuer ou d’augmenter de façon considérable. Ce sont plutôt les endroits qu’ils frapperaient qui changeraient. Par exemple, si les vents dominants voyageaient dans le sens contraire, les ouragans dans l’Atlantique ne voyageraient plus des côtes africaines jusqu’aux côtes de l’Amérique. Donc, des endroits durement touchés présentement, comme les secteurs côtiers du golfe du Mexique, seraient moins à risque.

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Précipitations. À gauche, la Terre actuelle. À droite, la Terre tournant à l'envers. On y voit un plus grand apport en eau au niveau du Moyen-Orient.

Les moussons, ces événements pluvieux très intenses, sont causées par l’inversion de direction des vents qui entrent en jeu avec la température des masses d’air et des océans, près de l’équateur. Sur la Terre actuelle, cette interaction survient au niveau de l’océan Indien, touchant majoritairement l’Inde et la péninsule indochinoise. Sur une planète bleue tournant dans le sens contraire, l’interaction entre les vents, les masses d’air et l’eau des océans se concentrerait plutôt vers le Moyen-Orient et l’ouest de l’Afrique. Ces secteurs connaîtraient des moussons et donc, recevraient davantage de pluie. Au contraire, la péninsule indochinoise serait plus au sèche.

Et le Québec dans tout ça ?

Dans cette simulation, le Québec ne connaît pas énormément de changements. Du moins, ces derniers ne seraient pas aussi extrêmes qu’en Europe ou qu’en Afrique par exemple. Toutefois, deux régions observeraient un changement de climat, bien que minime.

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Les différents climats et leur disposition. À gauche, la Terre actuelle. À droite, la Terre tournant à l'envers.

Premièrement, le secteur de la Basse-Côte-Nord serait plus froid et prendrait des allures du Yukon actuel. On pourrait même y retrouver une toundra, qui s’étendrait jusque dans le Labrador. Pendant ce temps, l’extrême sud du Québec, ce qui comprend l’Estrie et les municipalités frontalières avec les États-Unis, prendrait une tangente semblable au nord-ouest des États-Unis, aux États du Montana et de l’Idaho par exemple.

Tout ceci n'est qu’une grande simulation effectuée par le MPIMET, dont vous pouvez trouver l'ensemble des illustrations ici. L'équipe derrière ce travail se base sur l’idée que la disposition des continents et des océans sur Terre serait la même qu’en ce moment. Mais serait-ce vraiment le cas ? Plusieurs autres questions restent en suspens : avec le plus grand apport en oxygène, est-ce que les humains auraient la même allure sur une Terre en sens horaire ? Est-ce que les mammifères seraient plus massifs, comme lors du Jurassique ? Des questions qui pourraient rester sans réponse pour toujours...


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