Détruire un écosystème pour mieux le conserver

Détruire un écosystème pour mieux le conserver. Si cette affirmation semble paradoxale, c’est néanmoins une pratique relativement répandue au sein de l’équipe de conservation de Parcs Canada.


D’un océan à l’autre, on brûle des forêts, on abat des animaux sauvages, on empoisonne des lacs et on détruit des barrages. Cela permet aux écosystèmes terrestres et aquatiques endommagés de retrouver leur lustre d’antan et aux espèces indigènes de proliférer dans leur milieu naturel.

Le parc de la Mauricie est un des milieux visés par ces mesures de conservation extrêmes. Après avoir subi des décennies d’exploitation forestière, de drave et de pêche et vu l’introduction d’espèces invasives dans ses lacs, cet immense espace naturel avait subi une dégradation majeure. Même l’omble de fontaine, appelée aussi truite mouchetée, qui a régné en maître sur les lacs de la Mauricie pendant des années, s’est retrouvée en mauvaise posture.

En 2004, Parcs Canada a pris les choses en main, et a décidé de prendre les grands moyens afin de redonner au parc ses lettres de noblesse, notamment en ce qui a trait aux milieux lacustres. Les équipes de Parcs Canada ont retiré près de 100 000 billots de bois échoués au fond des lacs et sur les berges sur une période de quinze ans. Ils ont également détruit les anciennes structures de drave, comme des barrages, qui permettaient jadis d’augmenter le niveau des étendues d’eau et de faciliter le transport des troncs.

Pour réintroduire l’omble de fontaine dans les lacs (élevée en pisciculture pendant des années, afin de conserver ses particularités génétiques), les mesures adoptées ont grimpé d’un cran : on a déversé du roténone, un poison biodégradable en 20 jours, afin d’anéantir les espèces de poisson exotiques ayant élu domicile dans les lacs. Au total, 14 lacs ont été restaurés de cette manière, permettant à plus de 50 000 truites de retrouver la liberté.

Le même genre de technique est utilisé dans les montagnes de l’ouest du pays. À intervalles réguliers, les équipes de Parcs Canada mettent le feu dans les forêts protégées. Les objectifs sont variés : «éliminer les buissons trop denses, ouvrir la canopée, favoriser la germination des graines et stimuler la régénération de la végétation», peut-on lire sur le site de l‘organisme. Entre 2015 et 2017, des centaines d’hectares de forêts se sont envolés en fumée.

Au total, plus de 100 projets de ce genre existent un peu partout à travers le pays. Et ce nombre risque d’augmenter, puisque le gouvernement du Canada a récemment annoncé un investissement de 1,3 milliard de dollars afin de protéger le patrimoine naturel et, entre autres, créer des aires protégées. Cela représente le plus gros montant jamais investi dans la conservation naturelle.

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Sources : Parc national de la Mauricie | Brûlage dirigé - Parcs Canada\


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