Le plus grand investisseur au Québec mise sur le vert

La Caisse de dépôt et placement du Québec a déployé, depuis 2017, une stratégie climatique avec comme objectif de réduire de 60 % l’intensité carbone de son portefeuille d’ici 2030.

En 2006, l'éminent économiste britannique Nicholas Stern conclut, dans son célèbre rapport sur l’effet du changement climatique sur l’économie, que si rien n’est fait aujourd'hui, le coût sera beaucoup plus élevé demain. La Caisse de dépôt et placement du Québec a déployé, depuis 2017, une stratégie climatique qui la fait passer de la parole aux actes. La caisse s’est fixé comme objectif de réduire de 60 % l’intensité carbone de son portefeuille d’ici 2030.

Selon M. Charles Emond, président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, c’est maintenant dans l’ADN de la Caisse de choisir des initiatives déjà vertes ou à verdir. Pour cette raison, la Caisse investit une enveloppe de 10 milliards de dollars dans des entreprises qui utilisent encore beaucoup le pétrole afin de les verdir. « La transition climatique, c’est peut-être la plus grande opportunité d’investissement des dernières décennies » souligne-t-il.

La Caisse, qui a un objectif net zéro d’ici 2050, investit dans des secteurs qui auront bien besoin d’un virage vert et qui seront encore essentiels à notre mode de vie dans le futur, comme l'agriculture, le ciment, les mines et les métaux. Non seulement ces secteurs vont rapporter à la Caisse, mais ils bénéficieront aussi d’une refonte verte qui fera encore plus monter la valeur de leurs actifs. M. Emond rappelle que la transition climatique est la source d’un des plus gros mouvements de capitaux de notre époque.

Lorsque votre conseiller financier construit votre portefeuille, il va surtout regarder le rendement, mais, selon M. Emond, il faut aussi regarder le risque. « Le changement climatique, c’est un risque qui peut faire baisser la valeur des actifs. » Mais il ne faut pas juste investir dans l’énergie renouvelable parce que le risque climatique est faible, il faut se rendre compte que c’est aussi un investissement rentable. Il prédit qu’un jour, les investisseurs ne voudront plus mettre des fonds dans certains secteurs. Surtout que, dans plusieurs cas, les assureurs ne voudront plus les couvrir à cause du risque climatique.

Une des grandes fiertés de la Caisse de dépôt et placement du Québec, c’est d’être un des membres fondateurs de l’Alliance Net Zéro. Ce groupe de 70 investisseurs institutionnels gère mondialement des actifs de 10 000 milliards de dollars. L’organisme a pour but d’influencer les sociétés dans leurs actions, leurs comportements et leurs stratégies climatiques. « Par rapport à il y a cinq ans, chaque dollar investi par la Caisse émet 50 % moins de gaz à effet de serre ». La Caisse de dépôt a été la première au monde à lier la rémunération de ses gestionnaires à l’atteinte de ces objectifs climatiques, dit M. Emond.

La Caisse fait le pari que d’investir dans une entreprise qui utilise de l’énergie fossile pour ensuite la convertir, fera monter la valeur de cette entreprise et, donc, de l’investissement.

Image d'en-tête : parquet de l'Édifice Jacques-Parizeau, bureaux de la CDPQ à Montréal (Bernard Fougères, CC0, via Wikimedia Commons)