Changer nos habitudes coûterait-il vraiment trop cher ?

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« Changer nos habitudes coûtera trop cher ! » C’est l’affirmation de plusieurs qui cherchent à ne pas s’attaquer aux changements climatiques. Est-ce vraiment le cas ?


En fait, ce message, véhiculé dans plusieurs pays, joue sur votre désir d’être actif ou non face aux bouleversements climatiques qui sont déjà bien présents. Lorsque l’on nous fait miroiter que nous serions beaucoup plus mal en point économiquement si nous devions tous modifier notre mode de vie, on encourage la notion qu’il est impensable de faire un virage à 180 degrés et de se remettre sur la voie d’une économie florissante.

En utilisant les conclusions du rapport d’Environnement et changements climatiques Canada (ECCC) sur les impacts futurs des changements climatiques chez nous, je vais tenter de vous prouver que l’inaction a aussi un coût énorme et que même si les impacts sont loin de chez vous, leur fardeau économique sera quand même posé sur vos épaules. Voici donc quelques conclusions du rapport.

1) Le Canada se réchauffe plus en hiver qu’en été :

Même si l’idée d’hivers moins rigoureux et plus courts plaît à certains, les conséquences économiques seront marquées. Prenons l’exemple des centres de ski. Depuis plusieurs décennies, ils fabriquent de la neige artificielle pour pallier les aléas du temps. Tout cet équipement a déjà un coût sans compter qu’il faut beaucoup d’eau pour faire de la neige artificielle. Avec la baisse des nappes phréatiques et des cours d’eau liée à une plus grande évaporation à cause des changements climatiques, certaines municipalités vont augmenter les taxes liées à l’utilisation de l’eau devenue plus rare. Le nombre de journées où il sera possible de pratiquer ce sport aura également diminué. Les centres de ski seront confrontés à plus de dépenses et moins de revenus. Selon vous : à qui vont-ils redonner la facture ?

2) Le Canada connaîtra une augmentation des précipitations :

ECCC évalue cette augmentation entre 7 et 24 % au-dessus des seuils actuels. Mis à part le risque de crues subites auquel les résidents riverains seront confrontés, il faut tenir compte du fait que nos villes sont bétonnées et que la seule porte de sortie de précipitations trop abondantes est le réseau d’égouts. Celui-ci soumis à une plus grande demande devra impérativement être adapté afin de faire face aux déluges de plus en plus fréquents. Évidemment, les coûts engendrés par cette adaptation seront absorbés par les municipalités qui en retour, augmenteront vos taxes pour procéder à ces changements.

3) Le pergélisol fond et se rapproche de plus en plus du point de congélation

Voilà un bel exemple d’impact qui semble être bien loin de nous et donc sans conséquence. Détrompez-vous ! Toutes les infrastructures que l’on retrouve dans le Grand Nord sont construites directement sur ce sol gelé en permanence, sans fondations. Avec le sol qui dégèle, toutes ces infrastructures devront être refaites avec des fondations. Imaginez le coût de tous ces aéroports, structures et habitations. Sans compter tous les contaminants emprisonnés dans le pergélisol depuis des millénaires qui vont maintenant ruisseler avec les pluies et se retrouver dans les écosystèmes et dans la chaine alimentaire. C’est avec nos taxes que les gouvernements confronteront cette nouvelle réalité et si elles ne sont pas suffisantes, , devinez auprès de qui ils iront les prendre.

4) Une plus grande évaporation causée par la chaleur fera baisser les niveaux des lacs et des rivières :

À la fin de l’hiver, les changements climatiques favoriseront une fonte plus rapide du couvert neigeux. En contrepartie, ils augmenteront l’évaporation des cours d’eau durant l’été. Un débit réduit peut vouloir dire une diminution des activités nautiques. Un niveau plus bas de nos cours d’eau signifie également une plus grande concentration de contaminants. Un risque pour notre santé. Si, en plus on prend l’exemple du Saint-Laurent, un niveau plus bas forcera les porte-conteneurs à alléger leurs cargaisons de peur de s’échouer. Ceci aura un impact économique important pour les armateurs puisqu’ils devront affréter plus de bateaux pour transporter la même quantité de biens. Plus de bateaux veut aussi dire plus de pollution. Il est évident que ceux-ci renverront la facture à leurs clients.

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5) Colonisation d’espèces exotiques :

La modification du climat ouvrira la porte à l’arrivée d’insectes et de bestioles indésirables. Impossible pour l’instant de dire lesquelles, mais il suffit d’imaginer un insecte qui décime nos érables ou un porteur de la maladie de Lyme qui s’installe de façon permanente chez nous, pour comprendre les impacts sur notre économie.

Dans le monde dans lequel on vit, tout tourne autour de l’économie. L’éminent économiste britannique Nicolas Stern statuait dans son rapport de 2006 (ce n’est pas d’hier) que s’attaquer aux changements climatiques coûterait cher, mais que de ne pas le faire doublerait la facture.


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