L’auto électrique soufflera bientôt 200 bougies

Même si la voiture électrique est beaucoup plus vieille que la voiture à essence, elle n’a pas encore réussi à se faire une place de premier rang dans ce monde où le pétrole est toujours roi.

Développés simultanément des deux côtés de l’Atlantique

C’est en 1830 que le premier véhicule électrique a vu le jour, inventé par l’Écossais Robert Anderson. Au cours de la deuxième moitié du XIXe, les avancées technologiques de ces véhicules motorisés connaissent un essor fulgurant. Dès 1859, Gaston Planté, physicien et inventeur français, met au point une batterie qui propulsera la voiture électrique vers un avenir prometteur. Sa pile sera ensuite améliorée par un autre Français, Camille Faure, en 1881. C’est à ce moment que la voiture électrique prend réellement son envol.

Anderson Electric Car

Robert Anderson et sa voiture électrique Crédit photo : Getty Images

On retrouve, à cette époque, trois types de moteurs pour ce nouveau moyen de transport, qui fait tourner toutes les têtes et qui est plus simple à opérer et plus efficace que celui tiré par des chevaux. Parmi les moteurs à essence, électriques et à vapeur, aucun ne s’est encore approprié tout le marché, mais le moteur électrique à une longueur d’avance. En 1895, une voiture électrique se retrouve sur la ligne de départ de la course Paris-Bordeau-Paris, qui est alors considérée comme la première grande course automobile de l’histoire. L’autonomie de la voiture n’est que de 50 km, ce qui oblige l’équipe à disposer de batteries de rechange tout au long du parcours. Cette voiture qui roulait entre 25 et 30 km/h devra abandonner sur le trajet de retour et ne finira pas la course.

À peine trois ans plus tard, déjà on bat des records de vitesse. La Duc, pilotée par Gaston de Chasseloup-Laubat, atteint la vitesse mirobolante de 63 km/h. L’année suivante, en 1899, une version belge devient le premier modèle à atteindre plus de 100 km/h. Simultanément, l’Amérique voit Andrew Riker concevoir son propre moteur électrique avec lequel il remportera de nombreuses courses dans la région de New York.

Comment tout a basculé

Au début du XXe siècle, l’Amérique compte plus de 4 000 véhicules, en majeure partie électriques ou à vapeur. Les véhicules à essence ne représentent qu’une faible proportion du parc automobile de l’époque. L’avantage de ces deux modèles est que, contrairement au moteur à essence, on n’a pas besoin de manivelle pour les faire démarrer. Une longueur d’avance que conservera la voiture électrique jusqu'à l'invention du démarreur électrique en 1912. Dès les années 1920, aux États-Unis, on parcourt de plus en plus de longues distances grâce à un réseau routier en pleine expansion. C’est à ce moment que les véhicules à essence prennent leur envol, car ils ont une plus grande autonomie.

C’est au même moment que Henry Ford commence la production en série de ses modèles A et T. Le coût de ces voitures fut ainsi largement diminué, les rendant moins chères que la voiture électrique. La découverte de pétrole brut au Texas au début des années 1930 rendra ce combustible beaucoup moins cher et ainsi propulsera la voiture à essence dans une ère glorieuse. Henry Ford avait tenté de s'associer avec Thomas Edison dans la conception d’une automobile électrique. Malheureusement, Edison ne parvint jamais à inventer une pile puissante, légère et bon marché. Henry Ford s’est alors tourné vers le moteur à essence.

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Des chiffres étourdissants

Selon Paul Hawken, entrepreneur et auteur environnementaliste américain (Drawdown, comment inverser le cours du réchauffement planétaire, édition Actes Sud, 570 pages), les deux tiers de la consommation mondiale de pétrole servent à propulser nos voitures et nos camions. À eux seuls, les transports sont responsables de 23 % des émissions.

Il estime à deux milliards le nombre de véhicules motorisés qui seront sur nos routes d’ici 2035. En moyenne, pour parcourir 5 km, la voiture électrique consomme un kilowattheure. Si la recharge est faite pendant la nuit, quand l’électricité est à son moins cher, l’économie est de 69 % par rapport à la voiture à essence. Chaque litre d’essence consommé émet 3 kg de CO2, tandis que pour son équivalent en kilowattheure, les émissions associées aux véhicules électriques se chiffrent à 1,46 kg, une différence de plus de 50 %. Et si l’électricité est produite au moyen d'installations solaires, les émissions sont réduites de 95 %.

Véhicule électrique

Voiture électrique moderne Crédit photo : Getty Images

Plusieurs pays produisent leur électricité avec du combustible fossile comme du charbon ou du gaz. Pour diminuer leurs émissions, ils doivent changer leur façon de faire. Le remplacement d’une centrale au charbon par une centrale utilisant une énergie renouvelable est extrêmement coûteux. Chez nous, le problème ne se pose pas, car notre production d’électricité est faite avec une énergie renouvelable, nos rivières.

Si on veut diminuer nos émissions, nous devons nous attaquer aux transports qui représentent 40 % de nos émissions annuelles. Si toutes les flottes de véhicules gouvernementaux (fédéral, provincial et municipal) étaient remplacées par des véhicules électriques, nous serions sur la bonne voie. L’autonomie de ces véhicules est déjà suffisante pour effectuer 90 % de leurs déplacements quotidiens. Les émissions, alors associées à ces véhicules, ne seraient produites que lors de leur fabrication, car ensuite notre électricité est renouvelable et ces véhicules n’émettent aucune émission en roulant.