Avril, le mouton noir du printemps

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Le mois d’avril en cours est un peu menteur et s’inscrit à contre-courant des mois d’avril précédents, car habituellement le mois d’avril est le mouton noir du printemps : il est décevant.


En bref :

  • Le printemps se réchauffe moins vite ;

  • Avril, un mois frais ;

  • Un problème régional.


De toutes les saisons au Québec, le printemps est celle qui se réchauffe le moins vite en lien avec les changements climatiques.

printemps moins vite

Et de tous les mois de l’année, c’est le mois d’avril qui fait le plus pitié en ce qui concerne le réchauffement, quand on considère la période climatique des 30 dernières années, soit depuis les années 1990.

Les chiffres sont analysés sur des périodes de 30 ans pour éliminer la distorsion occasionnée par les variations du climat. Ainsi, quand on compare les deux périodes voisines, soit de 1981 à 2010 et de 1991 à 2020, le contraste est très clair. Le mois d’avril enregistre un plus grand déficit pour la période la plus récente.

réchauffement

Au cours des trente dernières années, soit de 1991 à 2020, il y a eu deux séquences où les mois d’avril étaient systématiquement sous les moyennes, donc plutôt frais.

anomalie avril

La période de 1992 à 1997 peut s’expliquer par un effet de résonance à la suite de l’éruption du volcan Pinatubo en 1991, qui a refroidi et modifié le climat de l’hémisphère Nord pendant quelques années.

Il n’y aurait pas par contre de cause analogue pour la séquence récente de 2014 à 2020, à l'exception de 2017, sauf le réchauffement des océans qui aurait bousculé les grands courants climatiques du printemps.

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De telles séquences n’ont pas été observées dans les années 1980, d’où l’écart observé entre les deux périodes considérées.

Inévitablement, le printemps s’en trouve donc pénalisé.

Cette observation du mois d’avril est valide pour l’ensemble des régions du Québec et pour le nord-est des États-Unis. Cependant, cette tendance ne s’applique pas pour l’Amérique du Nord, et encore moins à l’échelle de la planète.

amérique du nord

Il s’agit donc d’un problème régional qui s’expliquerait par différents facteurs.

Un problème régional

L’installation du printemps se fait plus facilement sur l’Ouest canadien, car il y a moins de neige au sol et elle fond plus rapidement qu’au Québec. Ce qui permet au soleil d’être plus efficace plus rapidement et de créer un effet de crétage, qui à son tour favorise la remontée d’air chaud du sud. Cela a pour conséquence de pousser l’air plus froid vers nos régions de l’est, ce qui explique le réchauffement plus hésitant que montrent les nouvelles normales.

neige

De plus, avec le réchauffement des eaux dans l’Atlantique, il se produit un effet de crétage dans l’Atlantique Nord qui a pour impact de bloquer l’air plus froid sur le Québec et d'empêcher la remontée d’air doux.

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crète

Par ailleurs, le phénomène est amplifié par une plus forte présence des nuages. Le régime cyclonique étant favorisé par cette situation de creux en altitude associé au régime de temps froid. Plus il y a de nuages en avril, moins il y a de chaleur irradiée vers le Québec.

Tendance lourde ou dérèglement passager ? Chose certaine, ce mois d’avril 2021 détonne par la chaleur qu’il nous apporte !

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