Anormal : absence quasi-totale de glace sur le lac Érié.

Le mois de janvier tire à sa fin et la couverture de glace des Grands Lacs est vraiment déficitaire. Encore plus troublant : le lac Érié n’est couvert qu’à 0,38 % de glace.

Parmi les Grands Lacs, le lac Érié est le moins profond, soit celui qui gèle le plus rapidement et qui connaît donc la plus grande concentration de glace. Mais cette année, ce n’est pas du tout le cas puisque la glace n’est présente que sur 0,38 % de sa surface. Le graphique ci-dessous illustre l’étendue de glace observée (en rouge) depuis le début de l’hiver, par rapport à la normale (en bleu).

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Normalement, en date du 31 janvier, le lac aurait dû être à plus de 50 % gelé. Il s’agit d’un important déficit, mais qui n’est pas inédit : en 2017, à cette même date, il n’y avait que 0,67 % de glace. Le 31 janvier 2012 fut également pauvre en glace pour le lac Érié, puisque cette fois-ci aussi, la glace couvrait moins d’1 % de sa surface. Non seulement cette année surpasse les anomalies des dix dernières années, mais elle est également diamétralement opposée aux données de l’année passée, comme le montre le graphique ci-dessous.

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Du point de vue des années où le lac Érié était le plus gelé en date du 31 janvier, c’est à 2014 que la première place du podium revient. En effet, 96 % de la surface du lac était gelé (il s’agit même d’une année record. Rappelons que l’hiver 2013-2014 avait été très froid.

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Déficit sur tous les Grands Lacs

Le lac Érié n’est pas le seul des lacs à être en déficit. En moyenne, les Grands Lacs enregistrent seulement 6,69 % de leur surface glacée, soit la plus basse jamais enregistrée depuis 2009.

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À noter toutefois que les Grands Lacs enregistrent, en temps normal, leur concentration de glace maximale à la fin de l’hiver. Dernièrement, 2012 et 2017 sont les années qui ont enregistré une superficie de glace maximale la plus basse. Peut-être que 2020 sera la prochaine ? Pas nécessairement. En effet, juste l’année dernière, la concentration de glace était très basse à la mi-janvier, mais lors de l’apogée, qui s’est produit le 9 mars 2019, plus de 80 % des lacs étaient recouverts de glace. C'était une des plus grandes étendues des années 2000, juste derrière 2015 et 2014, lesquelles avaient enregistré respectivement une moyenne de 88,8 % le 1er mars et 92,5 % le 6 mars.

La faute à la douceur

Le manque de froid ne s’est pas fait ressentir juste au Québec mais sur la majorité du continent américain depuis le début de l’hiver. Le mois de janvier se termine avec des températures de 2 °C à 6 °C au-dessus des normales dans l’Est du continent.

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En effet, alors que les descentes de froid prolongées ont touché l’Alaska, un crétage dans l’est a permis à la douceur de remonter à plusieurs reprises. Le manque de glace risque d’engendrer des bourrasques de neige pour les secteurs avoisinants les lacs lors des descentes d’air arctique. Un autre problème est que le niveau des Grands Lacs est près des records et cela sera à surveiller au printemps, soit à la saison des inondations.

Le Québec, touché aussi

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La région des Grands Lacs n’est pas la seule à être victime d’un déficit de glace. On peut voir sur l’image satellite ci-haut, prise le 30 janvier dans l’est du Québec, l’étendue de la glace dans le golfe du Saint-Laurent. D’après les données d’Environnement Canada, le golfe serait également sous ses normales de superficie de glace. On peut voir, en rouge ci-dessous, les zones qui manquent de glace.

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