Acquitter ses frais scolaires avec des déchets de plastique

Il existe un petit village dans la province d'Assam, au nord-est de l’Inde où les parents paient, pour envoyer leurs enfants à l’école, avec des détritus de plastique. L’idée est devenue tellement populaire, que la province a implanté ce modèle dans cinq autres écoles gouvernementales de la région. L’engouement est tel que le décrochage scolaire a complètement disparu.

Feux de résidus toxiques

Les résidents de ce village, très pauvres, avaient l’habitude de brûler leurs déchets plastiques, soit pour se chauffer, soit pour cuire leurs aliments. Il s’en dégageait une fumée toxique qui affectait la santé de tous. Un jeune couple qui avait pris en charge l’école de ce village, où la population travaille majoritairement dans une carrière pour un maigre salaire de 5 $ par jour, avait remarqué que leurs élèves toussaient fréquemment et semblaient montrer des signes de problèmes respiratoires.

Afin de stopper cette pratique qui affectait la santé de chacun, les jeunes enseignants ont demandé aux parents de leurs élèves d’envoyer leurs enfants à l’école chaque jour avec un sac contenant les détritus plastiques familiaux. Très peu ont suivi la consigne au début, mais lorsque les enseignants ont souligné qu’il y aurait un coût pour les cours dispensés, tout a changé. Les parents avaient le choix entre payer pour l’éducation de leurs enfants avec de l’argent ou avec leurs déchets plastiques. Tout à coup, à 100 %, les parents ont choisi de signer un engagement avec l’école et de payer les cours de leurs enfants avec leurs détritus plastiques.

Une école bien différente

Pour mieux solidifier les liens entre les membres de la communauté, l’école enseigne aux étudiants la menuiserie, l’électronique et même la pose de panneaux solaires. L’école compte maintenant sept enseignants qui se partagent 110 élèves. Tout le plastique recueilli est transformé en écobriques et sert à la construction d’infrastructures. En moyenne, près de 10 000 pièces de plastique sont ramassées chaque mois. Selon les enseignants, le nuage toxique résultant du brûlage du plastique a considérablement diminué.

De plus, l’école encourage les élèves les plus vieux à faire du tutorat auprès des plus jeunes. Ceci a pour but de réduire le nombre d’enfants qui décrochent et qui vont travailler dans la carrière. En échange de leurs services, ils reçoivent de l’argent fictif qu’ils peuvent échanger contre des biens. Plus l’étudiant progresse, plus il reçoit d’argent. L’école n’enregistre plus de décrochage et certains élèves les plus vieux peuvent récolter jusqu'à 70 $ par mois. Plusieurs se sont même acheté un téléphone portable avec cet argent, chose que même leurs parents peinent à réaliser.

En ces temps de pandémie, l’école se fait à l’extérieur et le bâtiment sert de lieu de distribution de denrées destinées aux plus pauvres. Les élèves peuvent également engranger plus d’argent en offrant leur aide pour les plus démunis. Ce type d’initiative illustre bien comment une communauté peut aider ses membres financièrement tout en leur offrant une bonne scolarité qui leur assurera un avenir meilleur. La baisse de la pollution liée au plastique est également un point très positif qu'engendre cette façon de faire. Selon le couple qui dirige l’école, les élèves aiment tellement venir à l’école qu’ils ne veulent plus avoir de congés.