Des selfies avec des carcasses
Mercredi 16 mars 2016 à 10 h 21 - Quand les merveilles des profondeurs s’échouent sur les rivages, elles peuvent représenter un danger pour les photographes amateurs qui profiteraient de l’occasion pour prendre des clichés.
À lire également : Un dauphin mort à cause d'un selfie?
Des amateurs de plage en Argentine ont fait les manchettes autour du globe lorsqu’ils ont rencontré un rare dauphin de La Plata échoué dans le sable. Ils ont passé tant de temps à prendre des selfies avec le poisson que ce dernier est décédé, faute d’avoir été jeté à l’eau.
Cette semaine, une autre créature marine, un cachalot, s’est échouée sur une plage de Bali. Selon la chaîne de nouvelles Asia One, les deux pêcheurs qui ont trouvé l’animal ont mentionné qu’il était déjà mort, mais sa carcasse a suscité la même tempête de selfies que le dauphin quelques semaines plus tôt.
Les agents des pêches locaux ont mentionné aux médias indonésiens que la baleine s’était probablement échouée après avoir été séparée de son troupeau – cette région de l’Indonésie constitue une route migratoire des baleines bien connue.
Au début, les témoins ont semblé admiratifs devant la baleine. Un prêtre hindou est arrivé avec une offrande pour la créature, et une publication sur Instragram a déploré la pollution océanique.
« J’ai été soulagé de voir que ce cachalot magnifique et gigantesque n’a pas souffert longtemps après s’être échoué ce matin. Nage en paix, ami de l’océan. » a publié cet utilisateur d’Instagram.
D’autres cependant en ont plutôt profité pour se servir de la carcasse comme un terrain de jeu. On peut les voir grimper sur la carcasse pour prendre des photos, avant que les autorités n’arrivent sur les lieux avec de l’équipement lourd pour la déplacer.
Le degré de tolérance peut varier en ce qui concerne le niveau de respect de ce type de comportement. Il y a cependant un aspect que les photographes et leurs modèles tendent à oublier en ce qui concerne les carcasses de baleines sur la plage : elles constituent un danger biologique.
Quand un rorqual bleu s’est échoué sur une plage de la Nouvelle-Écosse en 2014, Scott Sutherland, le journaliste scientifique de The Weather Network (le pendant anglophone de MétéoMédia), avait expliqué que, quoique l’animal lui-même soit mort, plusieurs des innombrables micro-organismes qui vivent à même la bête restent actifs.
« Ces survivants transforment leur hôte en source de nourriture. Alors qu’ils se nourrissent, ils émettent un éventail de gaz nocifs, incluant du méthane (hautement inflammable et explosif) et du sulfite d’hydrogène (qui sent les œufs pourris, en plus d’être toxique lorsqu’inhalé et hautement inflammable) », mentionne Sutherland. « Et ce n’est pas tout : parce que toute créature consommée par la baleine avant sa mort se décomposera à l’intérieur du système digestif de l’animal, des gaz additionnels seront également émis.
Blue whale carcass in Trout River appears a little less bloated today than it did on Sunday. pic.twitter.com/6Ye3x4FmuG
— Don Bradshaw (@DonBradshawNTV) April 30, 2014
Concrètement, cela peut entraîner un ballonnement posthume. C’est pourquoi les autorités établissent un périmètre de sécurité autour de ces carcasses géantes tout en tentant de limiter l’accumulation de gaz.
Ce processus peut être dangereux pour les travailleurs. On peut voir l’homme porter une combinaison de sécurité dans cette vidéo des Îles Féroé (Danemark), juste avant que la baleine n’explose violemment (AVERTISSEMENT : contenu graphique).
Source : The Weather Network