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L'influence de la météo sur la coulée de l’eau d’érable à sucre. (Photo : Cathy Jacques)

De la météo à la coulée de l'érable


Annie Sauvesty
Rédactrice - MétéoMédia

Mercredi 25 mars 2015 à 15 h 44 - Au Québec, l'érable à sucre est un des feuillus les plus estimés. Durant l'automne, les érablières offrent aux promeneurs un spectacle coloré qu’ils ne se lassent pas d’admirer. Ces merveilleux paysages sont une source de joie pour des milliers de Québécois et un souvenir impérissable pour de nombreux touristes. L’érable à sucre est devenu un symbole emblématique qui marque profondément la culture québécoise.

Au printemps, les premières coulées de l’eau d’érable à sucre marquent le début d'une nouvelle saison d'activités, le «temps des sucres», laquelle engendre un revenu d'appoint important et structurant pour l'économie des régions. Cette période est également l’occasion de réunions familiales dans les cabanes à sucre autour d’une table garnie de mets traditionnels où le sirop d’érable est à l’honneur. Mais pourquoi l’érable à sucre et pas le sapin ou tout autre espèce d’arbre ? 

Le réveil de l’érable à sucre au printemps 

L'érable fabrique différents sucres durant l’été grâce au phénomène de la photosynthèse. Au début de l'automne, ces sucres sont transformés en amidon et stockés dans les racines pour y rester tout l'hiver. Dès l’arrivée du printemps, cet amidon se transforme en saccharose (en anglais sucrose) grâce à la reprise de l’activité d’une enzyme racinaire, appelée amylase. Celle-ci ne travaille efficacement qu'à la température de la glace fondante. L’activité enzymatique permet ainsi de fournir l'énergie suffisante pour le redémarrage du métabolisme de l'arbre et assurer sa croissance et son développement. La transformation de l’amidon en saccharose dans les racines a pour effet d’attirer l’eau du sol et de provoquer son absorption. Ce phénomène est toutefois tributaire de la température des tissus racinaires. L’efficacité des enzymes est nulle à 1 0C et semble être maximale à 4 0C. Cette influence de la température explique pourquoi l’eau d’érable de certains arbres a une teneur en sucres plus ou moins élevée. Cette variation va même se retrouver d’une journée à l’autre.

Photo : Cathy Jacques

Photo : Cathy Jacques

Le mécanisme de la coulée 

Ce n’est qu’après environ 40 ans de croissance qu’un érable commence à produire de l’eau d’érable en quantité suffisante pour la production de sirop d’érable. Le phénomène de la coulée est déclenché généralement au mois de mars par la variation de température qui a lieu entre le jour et la nuit dans cette période de transition des saisons. La coulée de l’eau ne peut avoir lieu que s’il y a alternance de nuits froides (entre -7 et -4 0C) et de jours plus chauds (température au-dessus du point de congélation, 0 à +7 0C). Le mécanisme se déroule ainsi en deux phases : une phase dite « d’absorption » qui se déroule au début de la nuit et une phase d’exsudation qui a lieu le jour, alors que les températures se réchauffent au-dessus du point de congélation. 

La nuit

Au début de la nuit, alors que les températures se refroidissent (au minimum -4 degrés), on assiste à un appel de l’eau d’érable vers la cime de l’arbre. Bien qu’incomplètement compris, cet appel résulte du phénomène suivant : les branches les plus fines, situées aux extrémités, sont exposées au froid. L’eau présente dans les vaisseaux gèle. Le changement de phase de l’eau de l’état liquide à l’état solide cause une perte d’énergie libre, occasionnant une baisse du potentiel hydrique, qui a finalement pour résultat de créer un appel d’eau des racines vers la cime. 

Ce mouvement de l’eau vers le haut de la cime est dû à des propriétés particulières du bois de l’érable. En effet, celui-ci est constitué de gros vaisseaux qui permettent une montée rapide de l’eau. L’érable possède une autre particularité biologique : ses vaisseaux sont entourés de fibres qui sont remplies de gaz plutôt que d’eau comme chez la plupart des arbres. Ainsi au printemps, lors du gel nocturne, ces gaz dans les fibres de bois se compressent, occupent moins d’espace et laissent de la place pour permettre l’expansion de l’eau lors du gel. En conséquence, ce phénomène la nuit engendre une forte succion, laquelle crée un appel d’eau, faisant ainsi monter celle-ci assez facilement par des forces capillaires, des racines vers la tête de l’arbre. Plus la cime de l’arbre est grande, plus l’effet de montée de l’eau est important. De la même façon, plus le diamètre des vaisseaux est large, plus le rendement en eau d’érable sera bon. 

Selon les spécialistes, une diminution graduelle de la température la nuit donnera une meilleure coulée que lorsque la température chute brusquement. En effet, en gelant rapidement, l’eau se solidifie dans les vaisseaux sans parvenir jusqu’aux fibres du bois. 

Le jour

Le processus se déroule dans la cime de l’arbre. C’est le réchauffement des branches par le soleil printanier qui déclenche le phénomène de la coulée. 

Le matin, dès que la température se réchauffe et s’élève au-dessus de 0 0C, la seconde phase, appelée exsudation, se produit dans les branches de l’érable. Les gaz présents dans les fibres du bois et comprimés par le gel nocturne, se dilatent, prenant davantage d’espace. Cela a pour conséquence d’augmenter la pression à l’intérieur des vaisseaux bien au-dessus de celle de l’atmosphère. Cette expansion des gaz a pour résultat de chasser par pression cette eau devenue liquide et de provoquer sa descente par gravité afin d’être évacuée par toutes blessures possibles, comme les entailles. L’eau d’érable va alors couler jusqu’à ce que les pressions arbre – atmosphère s’équilibrent. Si la pression atmosphérique baisse durant la journée, les arbres se remettront à couler jusqu’à l’équilibre. Ce phénomène se déroule pendant environ six à huit semaines. 

La température n’est pas la seule condition météo à jouer un rôle sur la coulée de l’eau d’érable. Si le soleil est présent, mais que les branches sont exposées au vent, elles vont se refroidir, même si la température du tronc sous l’écorce peut augmenter de 10 degrés le jour. Le dégel de l’eau sera plus lent et la coulée moins abondante.

Photo : Toni Lynn Trottier

Photo : Toni Lynn Trottier

Importance du changement de températures 

D’une manière générale, un printemps hâtif avec des températures exceptionnellement chaudes ne favorisera pas des coulées abondantes de l’eau d’érable et raccourcira le temps des sucres. C’est l’alternance de gel la nuit et de dégel le jour qui assure la coulée de l’eau d’érable par les entailles. Un réchauffement des températures nocturnes tout près ou au-dessus du point de congélation peut mettre fin rapidement à la coulée. 

C’est pourquoi certaines régions vont commencer et terminer la récolte de l’eau d’érable à des périodes différentes. Les érablières du sud et du sud-ouest de la province finissent la production généralement avant celles du Bas-Saint-Laurent.


SOURCES

Agri-Réseau

Effet de phytohormones sur les réactions de défense de l'érable à sucre (Acer saccharum Marsh.) suite à l'entaillage et à d'autres types de blessure mécanique, Josée Grondin, Université Laval, 2004

La Coop fédérée

Centre ACER

À VOIR : MARTIN PICARD ET STÉPHANE GUAY VISITENT LES STUDIOS DE MÉTÉOMÉDIA

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